Venezuela

Un pays, deux présidents

Porté par la colère de la rue, l’opposant Juan Guaidó s’est proclamé hier « président en exercice » par intérim du Venezuela. Si de nombreux pays, dont les États-Unis et le Canada, ont vite reconnu la légitimité de cette prise de pouvoir, le régime de Nicolás Maduro et ses alliés condamnent une « tentative de coup d’État ». L’armée a d’ailleurs réitéré hier son soutien au leader socialiste, dont les jours à la tête du pays semblent comptés.

Décryptage

Un « coup d’État constitutionnel »

Isolé sur la scène internationale, poussé dans ses derniers retranchements dans son propre pays, le président du Venezuela, Nicolás Maduro, vit possiblement les derniers moments de son règne.

Hier, le président du Parlement du Venezuela, l’opposant Juan Guaidó, s’est proclamé « président en exercice » du pays devant des milliers de partisans rassemblés à Caracas.

Parallèlement, des dizaines de milliers de Vénézuéliens continuaient à manifester dans la capitale, y compris dans les quartiers populaires où le régime actuel obtenait traditionnellement ses appuis les plus solides. Les protestataires demandaient à Nicolás Maduro d’abandonner le pouvoir et à l’armée de cesser de le soutenir.

La suite des choses dépend justement, en grande partie, de la réaction de l’armée, qui, au moment d’écrire ces lignes, n’avait pas lancé de vaste opération de répression. Et qui a aussi commencé à montrer des signes de scission au cours des derniers jours. Lundi, par exemple, 27 militaires s’étaient retranchés dans une caserne de la capitale, appelant la population à se rebeller contre le régime Maduro. Cet acte de sédition a vite été étouffé.

Mais selon Graciela Ducatenzeiler, spécialiste de l’Amérique latine au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal, de nombreux militaires ont fait défection au cours des derniers mois, certains fuyant le pays, comme l’ont fait 3 millions de Vénézuéliens depuis deux ans.

L’armée a toutefois rejeté l’autoproclamation de Juan Guaidó, selon un tweet du ministre de la Défense, Vladimir Padrino.

« Nous, soldats de la patrie, nous n’acceptons pas un président imposé à l’ombre d’intérêts obscurs ni autoproclamé en marge de la loi. L’armée défend notre Constitution et est garante de la souveraineté nationale. »

— Vladimir Padrino, ministre de la Défense

Aux yeux de Graciela Ducatenzeiler, il n’en reste pas moins que le régime de Nicolás Maduro, qui a été élu président en 2013 par une faible marge à la suite de la mort du dirigeant charismatique Hugo Chávez, et dont la réélection, en mai 2018, était considérée comme invalide par l’opposition, est bel et bien sur la voie de sortie.

« Reste à savoir si ça se terminera pacifiquement ou dans le sang », tranche-t-elle. Car même si l’armée devait se retourner contre lui, en protégeant les manifestants, par exemple, Nicolás Maduro peut encore compter sur l’appui de nombreuses milices qui agissent en son nom.

« Aujourd’hui, 23 janvier 2019, je jure d’assumer officiellement les pouvoirs exécutifs nationaux comme président en exercice du Venezuela », a déclaré solennellement Juan Guaidó, politicien jeune et peu connu jusqu’à hier, qui s’est aussi engagé à mener le pays dans une transition vers la démocratie.

Il a ensuite demandé à ses compatriotes de s’engager à lutter jusqu’à ce qu’ils « retrouvent la liberté ». Tout en avertissant ses partisans de se préparer à un dur combat.

Appuis internationaux

Juan Guaidó a été immédiatement reconnu par Washington et par le Groupe de Lima, qui comprend le Canada et dix autres pays latino-américains, dont le Brésil, la Colombie et le Pérou. Ottawa a déclaré hier que les souffrances des Vénézuéliens ne feraient qu’empirer si Nicolás Maduro continuait de s’accrocher au pouvoir. 

Le secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), Luis Almagro, a aussi félicité Juan Guaidó.« Il a toute notre reconnaissance pour insuffler le retour de la démocratie dans ce pays », a-t-il écrit dans un message sur Twitter.

La réponse du président Donald Trump a été si immédiate qu’il est presque certain qu’il s’attendait à ce dénouement, croit Sébastien Dubé, professeur de sciences politiques à l’Université Del Norte, à Barranquilla, en Colombie.

D’autres signaux, notamment un message de cinq pays européens appelant au « dialogue interne au Venezuela », laissent deviner que l’opposition vénézuélienne avait bien préparé le terrain et que les évènements des derniers jours étaient prévisibles, analyse Sébastien Dubé.

La manœuvre d’hier équivaut à un « coup d’État constitutionnel contre un dirigeant jugé illégitime », résume-t-il. 

Arrivé à la présidence en 2013, Nicolás Maduro a été réélu en mai, lors d’un scrutin largement contesté. La vague de contestation a commencé à se manifester il y a deux semaines, alors que le dauphin de Hugo Chávez venait de prêter serment pour un nouveau mandat de six ans.

Depuis son accession au pouvoir, le Venezuela, pays qui détient les plus riches réserves de pétrole de la planète, s’est enfoncé dans une grave crise économique. L’hyperinflation, les pénuries de denrées essentielles et les services publics en ruine ont poussé 3 millions de Vénézuéliens à l’exil – mettant de la pression sur les pays voisins. Parallèlement, le régime a serré la vis aux opposants et certains d’entre eux ont été arrêtés et emprisonnés.

Vent de fraîcheur

À 35 ans, Juan Guaidó n’était pas une figure d’opposition de premier plan. Il est apparu sur le radar politique le 5 janvier dernier, quand il a accédé à la présidence de l’Assemblée nationale. Mais ce manque de notoriété lui a permis d’unir derrière lui une opposition traditionnellement divisée.

« Les Vénézuéliens qui m’écrivent voient en Guaidó un politicien crédible, qui a les mains propres et apporte un vent de fraîcheur », souligne Graciela Ducatenzeiler.

Les débuts du jeune opposant en politique datent de 2007, année des manifestations étudiantes contre l’ex-président Hugo Chávez, qui a été emporté par un cancer en mars 2013.

Hier, le Venezuela retenait son souffle, alors que des altercations sporadiques opposaient les forces de l’ordre aux manifestants. 

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Nombre de personnes tuées en deux jours dans le cadre des manifestations, selon l’Observatoire vénézuélien des conflits sociaux

Tandis que les « astres étaient alignés pour isoler le régime de Nicolás Maduro », différents scénarios restaient possibles, selon Sébastien Dubé. Son régime pouvait céder sous la pression. Mais il pouvait resurgir avec une nouvelle vague répressive, ou encore essayer de gagner du temps en déclenchant de nouvelles élections.

L’attitude de l’armée restait le facteur déterminant pour prévoir la suite des évènements.

— Avec l'Agence France-Presse et La Presse canadienne

« Dehors ! » Maduro rompt les relations avec les États-Unis

Le président du Venezuela, Nicolás Maduro, a annoncé hier que son pays rompait ses relations diplomatiques avec les États-Unis, après la reconnaissance par Donald Trump du chef de l’opposition Juan Guaidó comme président par intérim. « J’ai décidé de rompre les relations diplomatiques et politiques avec le gouvernement impérialiste des États-Unis. Dehors ! Qu’ils s’en aillent du Venezuela, ici il y a de la dignité, voyons ! », a déclaré Nicolás Maduro, qui a donné 72 heures aux représentants diplomatiques nord-américains pour quitter le pays. Nicolás Maduro n’a pas l’autorité pour rompre les relations diplomatiques du Venezuela avec les États-Unis, a riposté hier le département d’État dans un communiqué. — Agence France-Presse

La présidence Maduro en cinq temps

2013 

De VP à président

Le 5 mars 2013, le socialiste Hugo Chávez, président du Venezuela depuis 1999, meurt d’un cancer. Son vice-président Nicolás Maduro remporte la présidentielle en avril avec 50,62 % des voix, après un scrutin contesté.

2015 

Sanctions 

En mars, Washington impose des sanctions contre des responsables accusés de violations des droits de l’homme. M. Maduro obtient de nouveaux pouvoirs pour gouverner par décret face à « l’agression impérialiste » américaine. En décembre, le prix du pétrole, qui génère 96 % des revenus du pays, recule à son plus bas en sept ans, ce qui provoque de graves pénuries d’aliments et de médicaments. Le même mois, les chavistes perdent le contrôle du Parlement.

2017 

Manifestations

En mars 2017, la Cour suprême s’accorde les pouvoirs du Parlement, désormais contrôlé par l’opposition. Elle renonce face au tollé international. Le 1er avril débutent de nouvelles manifestations qui font plus de 125 morts. Le 1er mai, Maduro annonce une Assemblée constituante, élue le 30 juillet lors d’un scrutin boycotté par l’opposition. La constituante limoge la procureure générale Luisa Ortega Díaz, chaviste devenue opposante. Le 18 août, la constituante s’arroge la majorité des pouvoirs du Parlement. Washington impose de nouvelles sanctions. Les chavistes remportent les régionales en octobre et les municipales en décembre.

2018 

Présidentielle anticipée

Prenant de court une opposition divisée, le pouvoir avance la présidentielle au 20 mai. M. Maduro est réélu jusqu’en 2025 lors d’un scrutin boycotté par la coalition de l’opposition. L’élection n’est pas reconnue par une partie de la communauté internationale. S’ensuivent de nouvelles sanctions américaines et européennes. Le 20 août, de nouveaux billets avec 5 zéros en moins entrent en vigueur, dans le cadre d’un plan de relance. Le « bolivar souverain » est indexé au « petro », une cryptomonnaie. Le 23 août, l’ONU appelle les pays latino-américains à continuer d’accueillir les réfugiés vénézuéliens qui sont 2,3 millions à avoir quitté leur pays depuis 2015.

2019 

Un second mandat contesté 

Le 4 janvier dernier, les pays du Groupe de Lima, sauf le Mexique, décident de ne pas reconnaître le second mandat de Nicolás Maduro. Le lendemain, le Parlement déclare ce mandat illégitime et annonce qu’il va former un « gouvernement de transition » avant de nouvelles élections. Le 10 janvier, Nicolás Maduro est investi. Son mandat est considéré comme illégitime par les États-Unis et une grande partie de la communauté internationale. Lundi, 27 militaires ont été arrêtés après s’être soulevés contre le régime. Mardi, Nicolás Maduro a accusé le gouvernement américain d’avoir ordonné « un coup d’État fasciste ».

— Avec l’Agence France-Presse

Venezuela

La diaspora de Montréal célèbre « un jour historique »

« C’est un jour historique. » C’est en ces mots que Jorge Osuna, un Vénézuélien vivant à Montréal, décrit les événements survenus dans son pays d’origine hier matin. Avec lui, des centaines de ses compatriotes ont célébré hier « le début de la fin du régime de Maduro ». 

L’optimisme résonne dans les paroles des Vénézuéliens de Montréal. La partie est loin d’être jouée ; pourtant, le peuple n’a que des raisons de se réjouir, soutient Jorge Osuna, jeune homme de 25 ans qui a trouvé l’asile au Canada en 2016 afin de fuir le régime de Maduro. « C’est une bonne journée parce que la liberté est de plus en plus à notre portée », dit-il. 

Assis à une table du Cacique, restaurant vénézuélien où il travaille, Jorge Osuna sait que la population risque gros, que la violence pourrait prendre des proportions encore plus grandes en réponse à cette tentative de renversement de Nicolás Maduro. 

« Les Vénézuéliens n’ont plus peur. Tous les jours, des gens meurent parce qu’ils n’ont pas de nourriture. […] Ils ont déjà tout perdu, ils n’ont plus rien à perdre. » 

— Jorge Osuna

Lui-même a laissé sa vie derrière lui, raconte-t-il. Élu président national du mouvement étudiant opposé à Nicolás Maduro en 2014, il a dû quitter le Venezuela deux ans plus tard, craignant d’être assassiné sous les ordres du gouvernement.  

Jorge Osuna voit l’appui de la communauté internationale envers le président par intérim Juan Guaidó comme un signe qu’une nouvelle ère pourrait vraiment être en train de s’amorcer pour son pays. « Quelque chose se passe enfin. Nous avons besoin de l’appui du reste du monde, car nous ne pouvons pas faire ça seuls », avance-t-il, ajoutant qu’il espère que l’armée se rangera elle aussi du côté du peuple. 

Jorge Osuna affirme que le président en exercice autoproclamé est perçu par une partie du peuple comme un « héros » qui a « fait ce qu’il fallait ».  

« Un point de transition historique » 

Des dizaines de Vénézuéliens se sont réunis devant le consulat de Montréal hier afin de célébrer et d’échanger.  

Après avoir pris part au rassemblement, Beatriz López dit ressentir « beaucoup de fierté », ainsi qu’une grande joie. « Nous souhaitons que les choses soient faites dans le respect de la loi, et c’est ce qui est en train d’arriver », soulève cette Vénézuélienne, qui a vécu 18 ans au Canada, puis a tenté de retourner vivre dans son pays d’origine, avant de revenir à Montréal, il y a sept mois, parce que les conditions de vie y étaient trop difficiles.  

« Nous sommes à un point de transition historique où la fin de la dictature arrive enfin. » 

— Beatriz López

Rencontré dans l’autobus, sur le boulevard Saint-Laurent, alors qu’il venait de quitter le regroupement au consulat, le jeune Nadim Zabala, 17 ans, raconte qu’il rêve de pouvoir retourner dans son pays, que sa famille et lui ont dû quitter il y a près de deux ans, en partie parce qu’il devenait trop dangereux d’y vivre. « Le Venezuela est un si beau pays, qui n’est juste pas dirigé par les bonnes personnes », déclare-t-il.  

« On s’est rassemblés aujourd’hui pour montrer qu’on est partis de notre pays, mais qu’on est là pour le soutenir et faire ce qu’on peut à partir d’ici », ajoute le jeune homme, un grand drapeau vénézuélien noué autour du cou et une casquette aux couleurs du pays sur la tête. 

La plupart de ses compatriotes sont « très satisfaits » des événements d’hier, car « c’est un grand pas pour sortir du régime de Maduro », affirme-t-il. Il faudra maintenant voir quelle sera la prochaine décision du successeur d’Hugo Chávez. Inquiet du conflit qui risque d’éclater dans son pays déjà en crise, Nadim Zabala croit que Maduro « ne quittera pas le pouvoir si facilement, car s’il le fait, au minimum, il va finir en prison ».

Juan Guaidó

Le « gamin » qui défie Maduro 

Il est âgé de 35 ans, il est devenu il y a trois semaines le plus jeune président du Parlement, et hier, il s’est autoproclamé « président » par intérim du Venezuela. Qui est Juan Guaidó, l’homme qui a réussi à remobiliser les adversaires du dirigeant socialiste Nicolás Maduro ?

L’inconnu qui sort de l’ombre

Ces dernières années, les précédentes figures montantes de l’opposition, Leopoldo López, Henrique Capriles ou Freddy Guevara, ont fini par disparaître du paysage politique, emprisonné, privé de droits civiques ou en exil. Le Venezuela, « c’est un pays habitué à l’incarnation [du pouvoir] et au caudillisme », a expliqué récemment à l’AFP Juan Andrés Mejía, député de 32 ans, du parti Volonté populaire (VP), le même que Juan Guaidó. « On est en train de placer une charge importante sur les épaules de Juan [Guaidó]. Le changement ne dépend pas que de lui, il dépend de tout le monde. » Guaidó, parfait inconnu au physique élancé et à la voix posée, est devenu le 5 janvier le plus jeune président du Parlement, unique institution contrôlée par l’opposition. C’est « un gamin qui joue à la politique », a dit de lui Nicolás Maduro.

Un ingénieur au « leadership courageux »

Depuis qu’il a endossé le costume de chef de file de l’opposition, ce grand brun au teint mat, ingénieur industriel aux origines modestes et jusqu’ici peu habitué aux discours, est rapidement passé de l’ombre à la lumière tout en prenant de l’épaisseur politique. Le 13 janvier, les images de son arrestation par les services de renseignement vénézuéliens (SEBIN), lors d’une opération spectaculaire au milieu de l’autoroute, alors qu’il se rendait à une réunion politique, ont fait le tour du monde. Il sera relâché au bout d’une heure. Deux jours après, le vice-président américain Mike Pence l’appellera pour souligner son « leadership courageux » et exprimer le « soutien ferme » des États-Unis à l’Assemblée nationale du Venezuela qu’ils considèrent comme « la seule entité démocratique légitime de ce pays ».

Rassembleur

Juan Guaidó multiplie les fronts contre le pouvoir chaviste (du nom de l’ex-président Hugo Chávez) : proposition d’un gouvernement de transition, Maduro officiellement qualifié d’« usurpateur », promesse d’« amnistie » aux militaires acceptant de rejoindre l’opposition… Et pari d’une grande mobilisation contre le régime hier qui a finalement réuni des dizaines de milliers d’opposants à Caracas et dans le reste du pays. « Une de ses principales qualités, c’est de monter des équipes. Il comprend les différentes positions et fait tout ce qui est possible pour n’en faire qu’une », explique le député Juan Andrés Mejía.

« Je sais ce que c’est d’avoir faim »

« Je suis un survivant, pas une victime », aime à rappeler Juan Guaidó, marié et père d’une petite fille, en référence à la tragédie de 1999 dans l’État de Vargas (Nord) dont il sortit indemne. En décembre de cette année-là, des pluies diluviennes ont causé d’énormes éboulements dans cette zone à 25 kilomètres au nord de Caracas, provoquant la mort de 10 000 personnes, selon la Croix-Rouge. Il vivait alors dans cette région côtière avec sa mère et ses cinq frères et sœurs. « Je sais ce que c’est d’avoir faim », confie-t-il. Juan Guaidó a débuté en politique en 2007 avec la génération des étudiants qui sont descendus dans la rue contre le défunt ex-président Hugo Chávez (1999-2013).

L’homme de consensus

« Guaidó est un nouveau visage, vu comme un homme de consensus par les modérés et respecté aussi par les radicaux pour avoir participé activement aux manifestations », explique à l’AFP Diego Moya-Ocampos, analyste du cabinet IHS Markit, établi à Londres. Membre fondateur du parti Volonté populaire en 2009, il en est devenu un des chefs de file, son leader Leopoldo López ayant passé ces dernières années en prison ou assigné à résidence, accusé d’incitation à la violence lors d’une vague de manifestations en 2014. Suppléant en 2010, Juan Guaidó a été élu député de son État de Vargas en 2015. « Je ne savais pas qui c’était. Espérons qu’il ne nous décevra pas », a confié récemment José Hernandez, 24 ans, en assistant à un de ses discours.

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